L’Agence de la santé publique du Canada coupe des fonds à des organismes canadiens de lutte contre le VIH

[posté sur CNW]

Le Fonds d’initiatives communautaires en matière de VIH/sida et d’hépatite C laissera de côté de nombreux Canadien-nes vivant avec le VIH : plusieurs organismes de services bien établis voient leur financement coupé en partie ou en entier.

Ottawa, ON, Canada, 12 octobre 2016 – À peine deux semaines après que le gouvernement a promis de verser 804 millions $ pour des efforts internationaux visant le sida, le paludisme et la tuberculose à l’occasion de la Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, des organismes du domaine du VIH/sida apprennent que leur financement venant du gouvernement fédéral sera amputé sévèrement ou aboli, aux quatre coins du Canada. L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a fait parvenir ses réponses à compter du 29 septembre 2016 (plusieurs mois plus tard que promis), à l’issue du processus de lettres d’intention demandant du financement au Fonds d’initiatives communautaires (FIC) en matière de VIH/sida et d’hépatite C – et les résultats sont désastreux pour le secteur.

Les organismes communautaires du Canada ont été placés en position propice à l’échec, par un processus de financement qui a été opaque dès le début. Ces organismes exhortent à présent l’ASPC et au gouvernement fédéral de suspendre le processus actuel de financement et de maintenir le financement au statu quo pendant une année afin de réexaminer le processus avec la collaboration de la communauté. Pour le processus renouvelé, on devrait dévoiler publiquement les objectifs et les critères; de plus, le processus devrait être établi en tenant compte des consultations avec les organismes communautaires et avec les personnes vivant avec le VIH et l’hépatite C. À tout le moins, les organismes demandent que l’ASPC travaille avec la communauté à cerner les lacunes de l’allocation de financement et qu’elle dirige des efforts pour répondre à ces lacunes en augmentant l’enveloppe budgétaire du FIC. D’ailleurs, en dépit des engagements du gouvernement précédent, l’Initiative fédérale, d’où viennent les fonds destinés au FIC, n’a pas reçu d’augmentation budgétaire depuis de nombreuses années; de plus, une somme de 13,8 millions $ est demeurée non investie, depuis 2008, d’après un rapport de l’ASPC.

Les cycles budgétaires précédents, tant pour la lutte contre le VIH que celle contre l’hépatite C, ont été développés en consultation avec les dépositaires d’enjeux et l’on a dévoilé publiquement les informations concernant les attentes ainsi que l’application de lignes directrices. La documentation concernant le FIC n’offrait pas ces informations, qui ont été développées en privé par l’ASPC.

L’effet du retrait de financement aux organismes de lutte contre le VIH sera ressenti d’un océan à l’autre et il affectera le plus lourdement les personnes qui vivent avec le VIH. Les organismes financés et ceux dont le financement a été amputé/aboli perçoivent un virage dans l’attribution du financement : on délaisse le financement de la prévention et du soutien, pour financer la prévention dans les populations clés uniquement, et cela laisse d’énormes fossés. Si l’on n’offre pas de services aux personnes vivant avec le VIH, le Canada ne peut avoir aucun espoir d’atteindre la cible 90-90-90 de l’ONUSIDA en dépit de l’appui que lui a exprimé la ministre de la Santé, et de l’absence de plan national alternatif.

Gary Lacasse, directeur général de la Société canadienne du sida (SCS), qui n’a pas été invitée à la prochaine étape du processus de demande de financement, a souligné que la SCS entend attirer l’attention sur ceux et celles qui sont laissés de côté par les coupes financières. Il déclare : « Nous ne disons pas que les projets financés ne méritent pas de l’être; et nous ne sommes pas contre l’octroi de financement à de nouveaux organismes. Nous sommes favorables à une augmentation de services à la communauté. Cependant, il faut être prudent pour ne pas démanteler les réseaux de soutien qui existent, simplement pour donner l’impression de servir de nouvelles populations – sinon, des gens se retrouveront privés de services sur lesquels ils comptent. On ne peut pas prendre le risque d’un recul des résultats de santé et facteurs sociaux des personnes vivant avec le VIH et des co-infections en laissant ces personnes sans réseau de soutien. »

Un tollé se fait entendre également dans la communauté autochtone du VIH et du sida, au Canada, devant des décisions similaires en lien avec le FIC. Le Réseau canadien autochtone du sida (RCAS) n’a été invité à soumettre une demande complète de fonds que pour 30 % de son octroi précédent.

« Nous demandons l’imputabilité du processus afin de rétablir et de créer des occasions de bien-être pour toutes les personnes autochtones impliquées dans le système de santé », a déclaré Ken Clement, p.-d.g. du RCAS. « Il est plus primordial que jamais d’appuyer notre communauté autochtone pour renverser la situation, à l’heure où le Canada connaît des taux de sida épidémiques. »

Les décisions financières de l’ASPC n’affectent pas que le mouvement de la lutte contre le VIH/sida, des projets sur la prévention, l’éducation et le traitement en matière d’hépatite C ont également été durement frappés, même si c’est l’ASPC qui a défini la nouvelle portée élargie du FIC. « Les organismes de lutte contre l’hépatite C, qui sont nos petits frères, sont essentiellement passés au couperet lors de cette récente ronde de décisions financières de l’ASPC. Parmi les plus de 40 organismes membres d’Action hépatites Canada, nombreux sont ceux qui doutent sérieusement de leur capacité de faire un travail significatif en prévention de l’hépatite C au cours des prochaines années. Considérant que 250 000 Canadien-nes vivent avec l’hépatite C et que de nouvelles infections surviennent chaque jour, la réponse de l’ASPC est déconcertante et manque clairement de vision », affirme Patricia Bacon, présidente d’Action hépatites Canada.

Au sujet de la Société canadienne du sida

Fondée en 1986, la Société canadienne du sida (SCS) est une voix nationale pour les personnes vivant avec le VIH/sida et elle représente ses membres au palier national. Nous sommes un mouvement émanant de la communauté et sommes fiers de nos racines. Nous sommes voués à l’idée selon laquelle nous devons travailler ensemble, en sachant que les enjeux n’ont jamais été aussi cruciaux et en reconnaissant humblement que nous pouvons collaborer.

www.cdnaids.ca

Au sujet du Réseau canadien autochtone du sida

Le Réseau canadien autochtone du sida (RCAS) est une coalition à but non lucratif composée d’individus et d’organismes offrant un leadership, un soutien et un plaidoyer pour les personnes autochtones vivant avec le VIH et le sida et affectées par ceux-ci, peu importe où elles résident.

www.caan.ca

Au sujet d’Action hépatites Canada

Action hépatites Canada (AHC) et une coalition nationale d’organismes voués à la réponse aux hépatites B et C. Notre travail implique le gouvernement, les responsables des politiques et la société civile, à travers le Canada, afin de promouvoir la prévention des hépatites B et C, d’améliorer l’accès aux soins et aux traitements, d’accroître les connaissances et l’innovation, de rehausser la sensibilisation en santé publique, de développer la capacité des professionnels de la santé et d’appuyer des groupes et des initiatives communautaires.

www.actionhepatitiscanada.ca

— 30 —

Contacts :

Gary Lacasse
Directeur général, Société canadienne du sida
gary.lacasse@cdnaids.ca
613-230-3580, poste 119

Ken Clement
Président-directeur général, Réseau canadien autochtone du sida
kenc@caan.cca
604-266-7616, poste 227

Patricia Bacon
Présidente du Comité exécutif, Action Hépatites Canada
pbacon@actionhep.ca
867-335-9067

Retour en haut