La Journée mondiale du sida, 30 ans plus tard : quelques réflexions

POUR DIFFUSION IMMÉDIATE – Ottawa, 19 décembre, 2018

Le 1er décembre 2018 marquait le trentième anniversaire de la Journée mondiale du sida. Trente années de deuils et de tragédies, pendant lesquelles le VIH/sida a dévasté des communautés à l’échelle du Canada et du monde entier. Nous gardons toutefois espoir et restons unis dans notre quête pour éradiquer le VIH. Voici d’importants développements récents dans le domaine du VIH au Canada :

  • La ministre fédérale de la Santé Ginette Petitpas Taylor a appuyé officiellement la campagne I=I (Indétectable=intransmissible), qui vise à disséminer le consensus scientifique définitif sur le fait que les personnes vivant avec le VIH qui atteignent la suppression virale ne peuvent pas transmettre l’infection. Ce geste de la ministre contribuera à porter ce message à l’attention du public. I=I est un outil très efficace pour atténuer la stigmatisation à l’égard des personnes vivant avec le VIH.
  • Le Réseau juridique canadien VIH/sida a été le chef de file des efforts pour contrer la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH en raison de la criminalisation (pour plus d’information, voir http://www.aidslaw.ca/site/moving-to-end-unjust-hiv-prosecutions/?lang=fr . Nous accueillons favorablement la nouvelle directive de la procureure générale fédérale Jody Wilson-Raybould afin de limiter les poursuites criminelles injustes ciblant les personnes qui vivent avec le VIH, mais nous sommes d’accord avec le Réseau juridique : il reste encore du travail à faire en ce sens.
  • Le premier ministre Justin Trudeau a publié une déclaration, le samedi de la Journée mondiale du sida, appuyant le thème de cette année (« Connais ton statut ») et soulignant l’importance du dépistage précoce du VIH. Toutefois, le gouvernement fédéral ne s’est pas encore engagé clairement à une stratégie de dépistage nationale.

Le 27 juin 2018, la Société canadienne du sida a réalisé la toute première Journée nationale du dépistage du VIH, en collaboration avec des organismes communautaires et des fournisseurs de soins de santé locaux. L’initiative a connu un vif succès, et ce, malgré le refus du gouvernement de financer cette stratégie fort nécessaire. En moyenne sept nouveaux cas de VIH sont diagnostiqués chaque jour au Canada – un fait inacceptable compte tenu des outils dont nous disposons à présent pour lutter contre le VIH. Nous ne pouvons tolérer aucune complaisance dans la riposte canadienne au VIH. La stigmatisation demeure le plus grand défi que rencontrent les personnes vivant avec le VIH, et constitue le principal facteur qui dissuade des individus de connaître leur statut et d’amorcer un traitement; voilà pourquoi des initiatives comme la Journée nationale du dépistage du VIH, qui normalisent cette pratique, sont si cruciales. Nous continuerons de militer pour que le gouvernement soutienne ce projet, dans le cadre de nos préparatifs pour la deuxième Journée nationale du dépistage du VIH (prévue le 27 juin 2019) en collaboration avec des organismes communautaires et des fournisseurs de soins de santé à travers leurs provinces.

Malgré ces développements enthousiasmants, les données de surveillance du VIH au Canada en 2017 démontrent que les efforts pour réduire le nombre de nouveaux cas d’infection ne sont pas aussi efficaces que nous l’espérions. Selon les données de surveillance de 2016, le nombre de nouvelles infections par le VIH au Canada a augmenté de 11,6 % entre 2015 et 2016. Et une comparaison entre l’année de référence 2015 et l’année 2017 révèle une hausse de 14,4 % de l’incidence du VIH, soit la plus forte depuis 2009. Cette période coïncide avec le moment où le nouveau Fonds d’initiatives communautaires a amputé les fonds d’organismes communautaires de lutte contre le VIH au Canada. Au total, 33 % de ces organismes ont perdu leur financement parce que leur travail n’était pas axé sur les nouvelles priorités de prévention du gouvernement. Ces coupes ont eu un impact dévastateur sur les stratégies à long terme visant à fournir des soins et du soutien aux plus vulnérables.

Enfin, nous devons résoudre à la fois les lacunes des données de surveillance de l’Agence de la santé publique du Canada qui n’enregistrent pas adéquatement la catégorie d’exposition (60 %) ou l’origine ethnique (49 %) des nouveaux cas d’infection, de même que les disparités entre les données de surveillance et les estimations. Il est inconcevable qu’en 2018, des données validées sur l’incidence et la prévalence du VIH ne soient pas accessibles au grand public, en particulier dans les populations prioritaires qui ont un risque disproportionné de contracter le VIH. Le Canada est un des pays les plus riches du monde; l’absence de données validées est préoccupante, car les objectifs du Fonds d’initiatives communautaires sont fondées sur ces données. Notre système de santé est considéré de par le monde comme étant exemplaire, mais il crée en réalité des obstacles à l’accès pour des individus aux quatre coins du pays. Les déclarations publiques d’appui sont appréciées, mais la question se pose : les politiciens canadiens se contenteront-ils de servir de belles paroles au mouvement du VIH/sida, ou sont-ils prêts à faire le difficile travail qui s’impose pour atteindre zéro nouvelle infection à VIH au Canada? La complaisance n’est pas acceptable; tout défaut de soutenir les personnes vivant avec le VIH/sida au Canada est un échec politique de la part du gouvernement Trudeau.

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Contact :

Gary Lacasse, directeur général
Gary.lacasse@cdnaids.ca
613-230-3580 x 118

 

 

 

 

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