Les effets néfastes de la répartition des fonds du fédéral sur les organismes communautaires VIH et VHC: Maison Plein Coeur

Jusqu’à 40 % des organismes en VIH et en hépatite C, aux quatre coins du Canada, ont perdu leur financement du cadre du Fonds d’initiatives communautaires en matière de VIH et d’hépatite C, dans le nouveau cycle de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC). L’ASPC a beau avoir établi une année de financement de transition, la réalité est qu’à la fin de cette période plusieurs organismes devront fermer leurs portes ou changer considérablement leurs services. Ces changements affecteront au quotidien les résultats de santé de milliers de Canadiens et de Canadiennes, parce que ces organismes placent la prévention et les déterminants sociaux de la santé au cœur de leur travail.

Nous partagerons les témoignages de ces organismes, des histoires de résilience en cette période des plus sombres, car leurs histoires font de notre mouvement ce qu’il est.

Maison Plein Coeur

Depuis 1995, la Maison Plein Cœur recevait du financement de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) pour ses programmes. En avril 2016, nous avons déposé deux lettres d’intention (LI) : l’une pour un projet d’alliance communautaire pour offrir du soutien aux femmes vivant avec le VIH à Montréal, et l’autre concernant notre accord de contribution pour nos programmes de coordination des bénévoles, de centre de jour, de massage et soupers mensuels, de logement de transition et de thérapie par les arts. Le 28 septembre 2016, nous avons été informés que nos deux demandes de subventions étaient rejetées. Concernant notre demande d’entente de financement, la principale raison qui nous a été offerte est que ces programmes sont de compétence provinciale et ne peuvent plus être financés par le gouvernement fédéral. Pour l’instant, nous ne savons pas si notre gouvernement provincial sera ouvert à financer ces programmes. La perte de 96 000 $ de financement pour l’exercice financier 2017-2018 provoquera un changement drastique.

Une approche holistique au VIH intègre la prévention, le soutien et le traitement. Compromettre les programmes de soutien aura malheureusement des effets néfastes –
non seulement pour les personnes vivant avec le VIH, mais aussi pour la société en général.

RÉPERCUSSIONS POUR NOTRE ORGANISME :

Quatre postes d’employés sont affectés; 85 % (soit 80 000 $) des fonds reçus jusqu’ici de l’ASPC couvrent des salaires. Ceci représente la moitié de notre personnel et 25 % du total des salaires; soit les postes de coordonnateur des bénévoles, de coordonnateur de l’accompagnement et du logement de transition, d’adjoint administratif et de directeur général.

  • Des compressions immédiates, principalement dans les dépenses administratives, sont envisagées dans le cadre de notre budget actuel, pour transférer le plus grand surplus possible à notre prochain exercice financier. Cependant, comme notre budget en cours était déjà mince, il y a des limites aux dépenses de fonctionnement que nous pouvons couper.
  • Nous serons contraints d’imposer des frais d’accès pour la plupart de ces programmes essentiels ou de demander de plus grandes contributions volontaires, pour aider à en couvrir les coûts.
  • Puisque 100 % du poste de coordonnateur des bénévoles est actuellement couvert par l’ASPC, nous devrons prendre des décisions difficiles sur la façon de financer ce poste de coordination des bénévoles; par exemple, en le réduisant possiblement à un poste à temps partiel, pour réduire les dépenses salariales. Nous ne pouvons pas imaginer qu’un organisme comme le nôtre, qui est basé sur la participation de la communauté, puisse continuer à fonctionner sans un coordonnateur des bénévoles. En 2014-2015, nous misions sur la participation de 115 bénévoles, dont près des deux tiers étaient directement supervisés par notre coordonnateur des bénévoles.
  • Les bénévoles nous permettent d’offrir une grande partie des programmes de la Maison Plein Cœur; notre capacité de gérer efficacement ces ressources bénévoles sera sérieusement compromise par la perte du financement pour toutes les dépenses de gestion des bénévoles, y compris le recrutement, la formation, le soutien continu, la reconnaissance et l’évaluation.
  • Sans cette capacité de coordination de l’implication des bénévoles, les programmes de massage, d’accompagnement en voiture, de centre de jour et de soupers mensuels seront sérieusement affectés. Nous serons forcés d’envisager de possibles coupures dans ces programmes essentiels.

RÉPERCUSSIONS POUR LES PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH :

Des compressions dans ces programmes auraient pour effets :

  • Une augmentation de l’isolement social pour des personnes vivant avec le VIH;
  • Un affaiblissement des réseaux de soutien social des personnes vivant avec le VIH;
  • Une diminution du contact avec des bénévoles capables d’offrir des références à des services sociaux et de santé ainsi qu’à d’autres ressources communautaires;
  • Une diminution du contact avec des employés capables d’offrir du soutien en santé mentale, émotionnelle, physique, sexuelle et générale;
  • Moins d’occasions de soutien entre pairs;
  • Moins de références à d’autres services sociaux et de santé;
  • Une insécurité financière accrue, pour les personnes vivant avec le VIH qui auront à payer des frais pour recevoir certains services essentiels, alors que plusieurs ont déjà des difficultés financières;
  • Des obstacles accrus dans l’accès aux banques alimentaires, conduisant à une insécurité alimentaire accrue et à une dégradation de la diète et de la nutrition;
  • Des obstacles accrus à se rendre aux rendez-vous médicaux pourraient signifier que des personnes vivant avec le VIH manquent des rendez-vous médicaux essentiels, ce qui affecterait leur santé et leur capacité d’observance à leur régime thérapeutique;
  • Compte tenu du lien connu entre l’observance thérapeutique et la suppression de la charge virale, des obstacles à cette observance pourraient rendre plus difficile d’atteindre l’objectif du maintien d’une charge virale indétectable.

RÉPERCUSSIONS POUR LA SOCIÉTÉ EN GÉNÉRAL :

  • Un plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH auront des besoins non comblés en matière de santé mentale, émotionnelle, physique, sexuelle et générale; et elles auront à recourir à notre système surchargé de soins de santé;
  • Une diminution du nombre de cas de charge virale indétectable, parmi les personnes vivant avec le VIH, conduira à une augmentation de la transmission du VIH à la population séronégative.

 

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